Carnaval du Nord

Alors, il y a du vent, il y a du froid, il y a de la pluie qui mouille. Et puis du gris partout. Les murs sont gris, les arbres sont gris, les toits sont gris, les trottoirs sont gris, et glissants, la vie est grise, c’est déprimant. Alors, puisqu’on est à Lîdge, et tant qu’à faire puisqu’on est dans le quartier nord de la ville, mais je n’irais pas m’en vanter, on va faire la fête ! La fête à l’hiver qui ne s’en vient jamais vraiment, qui ne s’en va jamais totalement. En attendant le printemps, Carnaval pour tout le monde !

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Pour ceux qui ne sauraient pas, pour ceux qui douteraient encore, il n’y a rien de plus triste qu’un carnaval du nord sous la pluie ! Sauf, peut-être à Köln, un soir de réveillon…  Rien que l’affiche vous donne l’idée comme on va s’amuser. Patates-carnaval, faudrait pas nous prendre pour des truffes ! A ceux, et celles, qui en douteraient, je confirme que voilà la quintessence de la culture populaire des bords de Meuse (Bassemeuse, je précise, je ne voudrais pas vexer mes amis de la Hautemeuse) !

La ville est sale… de gens, pas tous méchants. Même si certains deviennent vite agressifs, inutilement hostiles, ils sont généralement gentils par ici, je vous ai déjà dit ? Non, ici les gens sont juste des caricatures. Ils font des photos comme des chromos, ils chantent comme des casseroles. Ils parlent fort, ils crient beaucoup, ils crachent volontiers, pourquoi s’ennuyer ? Bois-sans-soif !

Partout, plein de gens-du-tout-venant-certifiés-pure-souche-non-identifiée, et même des enfants. Plein de rouges cheveux, de verts sourcils, de jaunes rastas-rasés, de bleus survêts, je n’arrive pas à faire comme si je ne les voyais pas. Ici, c’est carnaval à l’année, péket à volonté. J’ai beau aller à l’opéra, ils sont toujours là. Ni bien ni mal habillés, sans perles et sans mouchoirs, à peine éduqués, pas tout à fait finis, parfaitement avinés. C’est Breughel et Ensor réunis, sans être le plat pays. Ici, seuls les militaires en uniforme ressemblent à des hommes, vous dire si le niveau alerte est dépassé. Il y a des percés, des mal-lunés, des tatoués, des rockés, des végés, même des végans, vous dire si ce n’est pas gagné! L’étudiante est désespérée de ne jamais trouver aucun amoureux digne d’amour dans cette ville! Et moi aussi.