Alors, je suis remontée ! Vous pensez bien que je ne pouvais pas rater la proclamation de l’étudiante japonisante, en toge et mortier qu’elle portait avec la plus grande distinction. Elle avait fière allure et à peine quelques larmes. Mais beaucoup d’émotions pour moi au regard du chemin parcouru, en six ans, entre Avignoùn, Brussël, Lavilleneuve et Lîdje. Nous y voilà, les amis réunis, pour une chaleureuse après-midi qui s’est prolongée dans la nuit. Feu d’artifice. Et puis après, quoi ? Sensation de vide et volonté de retrouver une autre énergie pour de nouvelles aventures. L’été se prolonge, le bleu est profond, le temps semble patiner puis brusquement s’accélérer. A 19h20, il fait nuit et 22,7 degrés. Cherchez l’erreur, sommes-nous encore dans le Sud ou le Nord était-il inversé ?
Bâtiment universitaire qui se veut passif
Sur la place, le deuxième jeudi du mois, le marché des artisans s’installe comme en Provence, avé l’accent en moins. Là-bas, le marché du mardi chante le fromage de chèvre et les poires du petit producteur de Cheval Blanc. L’artisan boucher découpe le faux-filet sous le regard amusé de Monsieur Phoque. Il taquine Madame Chapeau, qui ronchonne comme à son habitude, Mistral l’a encore empêché de dormir. On dirait que la caméra de Marcel tourne et j’enregistre tout. Je me régale de la scène, tout en sachant fort bien qu’il faudrait devenir végan, un jour prochain, un jour lointain. Même si le bleu se fait incertain sous les platanes, devinez où je me sens bien.
Sur la place du Nord, les ouvriers communaux viennent accrocher les lumières de l’Avent avec 10 semaines d’avance ! Une Lorraine a descendu la Meuse sous le soleil tapant. Elle s’est invitée pour une parenthèse imprévue. On a bu un alcool de mirabelle mais j’ai bien connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner ! Un copain a sorti un nouveau bouquin, le livre d’un ami se vend moins bien que prévu, encore des projets dans les cartons, je n’ai pas totalement renoncé à écrire. Tout est chamboulé. Déjà, les rayons des magasins regorgent de guirlandes, de boules et de sapins en plastique à usage unique. La foire d’octobre bat son plein de croustillons et peluches made in RPC sous les cris esbaudis. Le réchauffement climatique, désormais sous nos yeux et sans pull, implique qu’on limite notre consommation. Et pourtant… Devenir responsable, c’est agir autrement. Il ne suffit pas de voter sans rien changer à nos habitudes.
Marché d’artisans qui se veut de Noël avant l’heure
Cité miroir, reflet de nos vies disruptées par la publicité
Musée de marionnettes où il arrive que nous soyons jouets de nos illusions
La situation est grave, et désespérée affirment les uns. Mais rien n’est certain, affirment les autres. Alors, on crie, en vain. A mon retour, l’escalator du Midi fonctionnait parfaitement bien et je n’ai pas raté mon train. Mais à l’arrivée, dans la gare prestigieuse, l’ascenseur est tombé en panne. Me voilà donc bloquée, à quai et à l’intérieur de l’élévateur, sans pourvoir ni descendre, ni sortir. Dans mon bocal, je crie. Dans mon bocal, je tape sur la vitre. Dans mon bocal, j’enrage et je m’use les mains. Et je me brise les doigts pour rien. Nul ne m’entend, nul ne me voit. Après de trop longues minutes, enfin, deux jeunes filles, plantées sur l’autre quai, aperçoivent mon étrange comportement d’insecte pris au piège et se décident à venir à ma rescousse. Miracle, l’ascenseur se remet en marche. Tout reste possible, si on fait attention aux signaux de fumée, aux cris des oies qui fuient le grand capital. Hé, ho, les gens… il se passe des choses graves en ce moment.
L’alerte est lancée, mais seuls les plus jeunes sont impressionnés